lundi 29 octobre 2012

خطير : الشخاري وزير الصناعة يقرر تعيين احد ابرز أزلام النظام البائد على رأس كبرى مؤسساتنا الوطنية "عجيل" لتوزيع البترول



تأكد لنا منذ حين أن وزير صناعة الفضائح محمد الأمين الشخاري عمد نهاية الأسبوع الفارط أي يوما قبل عيد الأضحى المبارك إلى تعيين احد ابرز أزلام النظام البائد المدعو سامي الشريف رئيسا مديرا عاما لأحد كبرى شركاتنا الوطنية وبالضبط الشركة الوطنية لتوزيع البترول "عجيل"....
هذا التعيين المشبوه يؤكد مرة أخرى عدم جدية حركة النهضة في اقتلاع رموز التجمع وفي قطع الطريق أمام المتورطين منهم في المنظومة النوفمبرية خصوصا وان عديد المراكز السياسية الهامة أسندت في غفلة من الأحرار إلى منتسبي التجمع من الرعيل الأول إضافة إلى أن عدد كبير منهم تحول بقدرة قادر إلى نهضوي متحمس بحثا عن تموقع جديد يؤمن لهم نفس المعاشات والمنح التي تعودوا على اقتطاعها من المال العام لأكثر من عقدين من الزمن....


ولمن لا يعرف الدكتور سامي الشريف الرئيس المدير العام الجديد وصاحب الحظ السعيد الذي غير الفيستة وتحول بين عشية وضحاها من عراب للنظام النوفمبري إلى عراب لحركة النهضة والفرق بين النظامين أصبح يرمز إليه بلحية مهذبة على شكل دائري وختم على الجبهة في حجم المائة مليم تعلوه بعض سمرة نتيجة الاحتكاك مع الحصير او نتيجة ضغط عصارة لب الثوم على الجبهة.... سبحان مبدل الأحوال ....للغاية نكشف البعض مما خفي عن بني وطني من أحرار وشرفاء :
الدكتور سامي الشريف من مواليد سنة 1961 وأصيل جهة قابس وهو خريج الجامعة التونسية ومتحصل على دكتوراء في الاقتصاد من جامعة باريس 1 (السربون) ....تجمعي خالص ومناشد مستميت ومكون قار وعضو اللجنة المركزية للتجمع وعضو لجنة التفكير القارة للتجمع و.......
قاد حملتي الرئيس المخلوع بن علي لسنوات 2004 و2009 ومرشح بارز لنفس الخطة لسنة 2014.....
اشرف خلال أكثر من عقد على تاطير التجمعيين من رؤساء شعب وجامعات مهنية وترابية وعمل كذلك صلب إدارة التجمع بالقصبة وبعدها بشارع محمد الخامس كمكون سياسي بارز صلب الأكاديمية السياسية للتجمع المنحل وتخرج على يديه العديدون من أزلام النظام المافيوزي البائد......
الدكتور سامي الشريف ألف عديد الكتب النوفمبرية ومنها على سبيل المثال لا الحصر كتاب "بن علي خيار المستقبل" وكتاب "تونس التغيير والحق في التنمية".....
الدكتور سامي الشريف تم طرده بعد الثورة من المعهد المغاربي "ايفيد"

L’Institut de Financement du Développement du Maghreb Arabe (I.FI.D)

ورفعت في وجهه العبارة الثورية "ديقاج" ..... وها هو يعود من جديد وفي شكل جديد ليستقر به المقام في إحدى اكبر مؤسساتنا الوطنية التي كتب عليها أن لا تتحرر من التجمع وأزلامه ولو بعد سقوط دولة الفساد بأكثر من 20 شهرا..... فدويلة فساد أخرى بصدد التشكل على أنقاض الأولى معتمدة تقريبا على نفس الشخصيات الرئيسية....
لا يجب أن ننسى أن وزير الصناعة الحالي محمد الأمين الشخاري نفسه تجمعي من الصنف الأول ...









Pourquoi j'ai décidé de voter Ben Ali

Bien installé dans mon fauteuil, après une journée de travail fort remplie et un dîner un peu trop copieux pour le quadragénaire que je suis, j'ai commencé comme chaque soir mon périple devant me conduire d'une chaîne télévisée à une autre en quête de nouvelles et d'informations sur les développements récents du monde dans lequel nous vivons.
Au plan international, les informations sur lesquelles se sont focalisées ce soir la quasi-totalité des chaînes spécialisées en la matière et les journaux télévisés, avec des niveaux d'intérêt différents, sont le bilan de l'assaut des forces spéciales russes pour libérer les otages de l'école de Beslan, le discours programme pour un second mandat du Président sortant des Etats-Unis devant la Convention de son Parti dont l'un des points forts est sa détermination à continuer sa guerre contre le terrorisme, le point de la situation des négociations engagées pour libérer les deux journalistes français pris en otages en Irak, l'évolution de la situation en Irak et à Gaza, les dernières mesures prises par l'Union Européenne à propos de la révision du pacte de stabilité et les dernières analyses des instituts spécialisés sur les conséquences de l'augmentation observée par les prix du pétrole ces derniers mois sur la croissance mondiale et celles des zones et des pays pouvant l'influencer.
Au niveau national, le fait marquant du jour était la présentation de la candidature du Président Ben Ali pour un nouveau mandat auprès du Conseil Constitutionnel à l'occasion de laquelle il a prononcé une allocution où il avait, entre autres, souligné qu'il proposait aux tunisiens et aux tunisiennes de continuer sur la voie des réformes afin d'assurer davantage de progrès et de bien être à toutes les catégories sociales et toutes les régions et générations et de franchir de nouvelles étapes en matière de développement et de consolidation de la position de la Tunisie sur la scène régionale et internationale.
Toujours adossé à mon fauteuil et sirotant mon thé, et en donnant libre cours à ma pensée, les questions qui je ne cessais de me poser après ce flux d'informations étaient, en tant que citoyen tunisien : pour qui devrais-je voter aux prochaines élections présidentielles ? à qui devrais-je confier le destin de mon pays et l'avenir de mes enfants ?
La lourdeur de mes yeux annonçant le besoin d'aller dormir vint me tirer de cette réflexion dans laquelle j'étais plongée et qui, la fatigue aidant, n'était pas encore suffisamment structurée pour répondre d'une manière tranchée et définitive à l'une des questions les plus importantes que peut se poser un citoyen : qui mérite d'être son Président ?
Le lendemain matin, en dépit du fait que le samedi est jour de repos dans l'institution qui m'employait, j'ai décidé d'y aller quand même afin de poursuivre ma réflexion, en toute tranquillité, de l'organiser et de la rationaliser

davantage de façon à me constituer un argumentaire simple et convaincant pouvant m'aider à répondre à ma question.
Reprenant ma réflexion, et devant mon portable, je me suis proposé de revenir d'abord sur les principales caractéristiques de la scène internationale sur lesquelles j'ai déjà eu à réfléchir de par ma formation, mes champs d'intérêt et un certain nombre de documents que j'ai eu à élaborer dans le cadre de mes activités professionnelles.
L'arrivée du nouvel ordre international, ayant pour date de naissance la fin de la guerre froide et pour acte fondateur la chute du mur de Berlin, avait généré des espoirs, pour certains la certitude, quand à l'instauration d'un monde meilleur où la bipolarité tranchée, les relations internationales belliqueuses sur fond de divergences idéologiques profondes et la course effrénée à l'armement céderaient la place à une dynamique de renforcement du droit international, de résolution diplomatique des différends, de coopération pour un développement accru largement partagé et financé, en partie, par le redéploiement des dépenses militaires devenant de plus en plus inutiles dans un monde pacifié et paisible.
L'équilibre par la terreur, le risque majeur, la théorie des dominos, la théorie du « containment », les blocs, la dissuasion, le non alignement, le Tiers Monde, l'impérialisme et bien d'autres concepts et instruments ayant jusque-là servi de référence aux décideurs pour concevoir leurs stratégies et aux politologues pour les analyser étaient appelés à ne plus figurer que dans les manuels d'histoire et de sciences politiques.
Les études, les analyses, les discours venaient nous expliquer que, désormais, l'époque des idéologies et des utopies était révolue pour laisser la place au temps du réalisme où les Etats, devant se concentrer sur leurs fonctions régaliennes, seraient classés par référence à une grille s'articulant autour des concepts de droits de l'Homme, de démocratie, de liberté, de gouvernance et où leurs économies avaient tout intérêt, pour éventuellement réussir leur intégration dans une économie mondialisée, à libéraliser et à déréglementer leurs marchés, à privatiser les activités, surtout rentables, de leurs secteurs publics et à se remettre, en d'autres termes, à l'efficacité du marché.
Pour les besoins de mon argumentaire, je trouve que je me suis suffisamment attardé sur la logique qui sous-tendait l'émergence du nouvel ordre international et la dynamique vertueuse qu'il promettait à l'humanité et qu'il fallait que je revienne à des éléments d'appréciation ayant un rapport plus direct à la question que je me suis posée.
De mon point de vue, le monde d'aujourd'hui est celui des paradoxes. Jamais de son histoire, l'humanité n'a été aussi développée sur le plan technologique, aussi bien dotée en termes de connaissances et de savoir, aussi bien outillée pour créer des richesses et réduire les distances, aussi bien armée pour transformer ce monde, son monde en un espace de stabilité, de paix s'appuyant sur une culture

universelle qui aurait pour valeur de référence la solidarité au service d'une amélioration du bien être de tous les êtres humains et de l'ensemble des peuples.
Or, malgré ce potentiel énorme lui conférant une capacité de résolution, j'allais dire, exceptionnelle des problèmes ; ce à quoi on assiste aujourd'hui, pour l'être humain que je suis, est tout simplement hallucinant.
De nature différente, les sources d'instabilité, comme ont tendance à le confirmer les lots quotidiens d'information livrés par la Presse écrite et télévisée, ne cessent de se multiplier.
Elles sont d'ordre politico-militaire dont un certain nombre étaient déjà présentes par le passé mais amplifiées dans une certaine mesure par la fin de la bipolarité. Dans ce registre, il est à relever la prolifération nucléaire, la multiplication des foyers de tension, des conflits régionaux, des guerres civiles et le terrorisme international.
Elles relèvent, également, du socio-économique et ont trait à l'accroissement des inégalités entre les individus, les pays et les régions, la désintégration du tissu social, la poussée de la violence urbaine, l'augmentation du chômage, l'extension de la pauvreté, de la malnutrition, des pandémies et des processus d'exclusion et de marginalisation.
A ces sources viennent s'ajouter celles relevant, du culturel telle que la montée des nationalismes, de la xénophobie et de l'intolérance et celles découlant de considérations écologiques à savoir la dégradation de l'environnement et l'épuisement des ressources naturelles.
La capacité des Etats et la marge de manoeuvre dont ils disposent pour y faire face est en train de s'éroder et ce pour plusieurs considérations dont celles qui sont inhérentes à la mondialisation : le poids grandissant du secteur privé dans les processus décisionnels à l'échelle internationale et nationale et la compétition sans précédent que se livrent les entreprises à la recherche de l'amélioration de leurs profits avec ses conséquences, dans bien des cas, sur les aspects sociaux et écologiques au double plan local et mondial.
Quoi qu'il en soit, les caractéristiques de la scène internationale, qui méritent à mon avis d'être relevées aux fins de l'exercice auquel j'ai décidé de me livrer, pourraient être synthétisées comme suit : le monde au cours de la prochaine période présente un potentiel énorme et plus d'opportunités de création de richesses et de développement ; il sera plus que jamais mû par les intérêts ; il fera toujours état d'une capacité inégale des pays à pouvoir s'intégrer dans le processus de mondialisation et à préserver leurs populations de ses retombées négatives ; les écarts entre les pays dans plusieurs domaines continueront vraisemblablement à se creuser ; la marge de manoeuvre dont pourront disposer les Etats, du moins un très grand nombre d'eux, pour infléchir le cours des choses autant qu'ils l'auraient souhaités, sera relativement réduite.

C'est un monde, par conséquent, qui sera plus exigeant pour les pays, notamment pour ceux qui sont dépourvus de dotations naturelles, en termes de capacité institutionnelle requise pour pouvoir donner toute la cohérence et l'efficacité nécessaires à des actions devant être précédés, au préalable, par des arbitrages non évidents entre des objectifs relevant de domaines différents, des acteurs aux intérêts pas systématiquement convergents, des contraintes multiples imposées par un environnement international mouvant et de plus en plus pesant.
Arrivé à ce stade de mon argumentaire, j'ai jeté un coup d'oeil à ma montre qui indiquait qu'il était déjà quinze heures. Il était temps de rentrer pour manger et profiter du reste de mon samedi dont l'après midi était déjà largement entamée. Je décida, toutefois, de reprendre mon petit exercice qui était bien engagé le lendemain matin.
C'est ce que je fis et, dimanche, je suis revenu à mon bureau. J'ouvris mon portable et je repris ma réflexion en commençant par relire ce que j'avais écrit la veille.
En me référant à ce qui précède, il m'est apparu que les qualités auxquelles devait satisfaire le Président de la Tunisie, au cours de la prochaine étape, étaient principalement la clairvoyance et l'expérience lui conférant la sagesse et la notoriété l'autorisant à mener à bon port mon pays et lui garantir la stabilité nécessaire à la poursuite de son effort de développement dans un monde de plus en plus complexe, voire relativement instable.
Si le volet international de mon exercice conduit à ce premier élément de réponse à la question que je me suis posée, il était normal que j'aille chercher les autres éléments dans une analyse du volet national et des étapes parcourues par mon pays tout au long de la dernière période. Il fallait en faire un bilan.
Bien évidemment, il était, hors de propos, d'en faire un bilan exhaustif ; ceci aurait été disproportionné par rapport à l'objet de ma propre réflexion et ce en supposant que je puisse le faire et, bien sûr, ce n'est pas le cas.
Je considérais, en revanche, qu'il était tout à fait indiqué d'avoir une idée un tant soit peu globale sur ce bilan et de ne pas me contenter de certains indicateurs quantitatifs, quand bien même ils sont importants, pour ce faire une idée de ce bilan dont je pourrais citer, à titre d'exemple, une croissance moyenne annuelle de près de 5% sur plus de quinze ans ayant autorisée, combinée à la maîtrise du croît démographique, un enrichissement de la Nation reflétée par une croissance du revenu par tête de l'ordre de plus de 3% et une baisse substantielle de la pauvreté ne représentant plus que 4.2% de la population.
Je me proposais de commencer par la dimension politique de ce bilan en me focalisant, comme je le ferai pour toutes les autres dimensions, sur ce que je perçois moi comme important pour le choix que j'aurais à faire en octobre prochain.

Pour cette dimension, je considère que l'un des acquis les plus importants est sans aucun doute l'élimination de la Présidence à vie et de la succession automatique à la tête de l'Etat qui a rendu au peuple le droit de choisir librement la personne devant présider à sa destinée, a réconcilié les gouvernés avec leur gouvernant et a permis de rompre avec toute personnalisation du pouvoir.
A ce propos, j'ai trouvé que le dernier amendement de la Constitution en la matière, supprimant la limitation des mandats, est en cohérence avec la logique de cette élimination et je ne partage pas les arguments de ceux qui l'ont critiqué, voire ceux mis en avant par certains qui ont cherché à le défendre en se focalisant beaucoup plus sur la modalité mise en oeuvre pour l'adopter, à savoir la voie référendaire, que sur la substance de cet amendement.
Pour ceux qui le critiquent, on peut synthétiser leurs arguments par le fait qu'ils considèrent que cet amendement n'a d'autre objet que de permettre au Président Ben Ali de postuler pour un nouveau mandat.
Or, la véritable question pour apprécier un amendement d'une telle importance, n'est pas tellement à qui il pourrait profiter éventuellement mais dans quelle mesure il renforce la souveraineté du peuple et aide à faire évoluer la vie politique dans le pays en la démocratisant davantage.
A mon humble avis, cet amendement va dans le sens d'une plus grande souveraineté du peuple et renforce sa latitude à exercer son libre choix du Président de la République.
Car, dans le cas contraire et quel que soit le pays concerné, je ne vois pas en quoi et comment peut-on considérer le fait de priver le peuple de la possibilité de renouveler sa confiance à un homme, ou à une femme, qui lui aurait donné satisfaction et répondu à ses aspirations comme étant une consécration de la démocratie alors qu'elle correspond, dans ce cas, à la négation même de sa volonté et, par conséquent, de la démocratie et de l'un des fondements essentiels de la République.
Par ailleurs, et en supposant que le Président Ben Ali l'est proposé pour rester au pouvoir comme l'affirment ceux qui critiquent cet amendement, en quoi ceci peut il constituer un argument pour discréditer cet amendement ou peut-il être reproché au Président Ben Ali.
Avancer un tel argument, c'est faire preuve : soit d'une méconnaissance de l'essence même de la politique, soit d'une hypocrisie, dans son sens politique, la plus élaborée.
En effet, et rien qu'en se référant tout simplement à la définition de la politique la plus utilisée, à juste titre, par les politologues - résumant la conception largement acceptée de ce domaine, la politique est défraie comme étant l'activité par laquelle on cherche à conquérir et à conserver le pouvoir;

autrement on n'est pas dans le champ politique et on n'est pas considéré comme politique.
De ce fait, il serait, à la limite, politiquement naïf de considérer que la véritable question, quand on analyse un fait politique en rapport avec le pouvoir, est de savoir si un homme politique ou un parti politique sont motivés ou non par l'accès au pouvoir, car ça ne peut être autrement. En revanche, on est en droit, en tant que citoyen, de s'interroger comment veulent-ils accéder au pouvoir et que veulent-ils faire du pouvoir.
Dans ce registre, la pluralité des candidatures aux élections présidentielles, les différentes lois portant sur l'organisation des partis politiques, leur financement par les ressources publiques, les amendements du Code électoral et la présence de l'opposition dans toutes les instances de représentation, sont autant d'acquis importants pour un peuple qui, il y a moins de deux décennies, n'avait d'autres rapport et perception de la politique que ceux issus d'une culture et d'une pratique politiques découlant d'un contexte dont les piliers sont : une Présidence de la République à vie conférée par la Constitution, un Parlement monolithique reflétant une scène politique s'articulant et s'organisant autour d'un Parti unique et où l'accès aux niveaux élevés de la décision publique avait pour principal critère la région.
Ce sont ces éléments, ayant pour matrice l'enracinement du pluralisme, que je considère, personnellement, comme les plus importants du bilan politique du fait qu'ils constituent les véritables vecteurs d'une trajectoire menant à une vie politique plus évoluée basée sur la garantie des libertés publiques et individuelles et où les tunisiens ne pourront se prévaloir que par leur amour pour leur pays, leur dévouement à sa cause et leur mérite au service de ses intérêts.
Pour la composante sociale, en essayant d'en dresser un bilan, ce que je trouve remarquable c'est d'avoir fait de la recherche de l'équilibre entre l'économique et le social une constante de la stratégie de développement tout en repensant le contenu de ce social pour qu'il puisse s'accommoder avec les exigences d'une économie de marché s'intégrant d'une manière de plus en plus prononcée dans l'économie mondiale.
En effet, j'adhère complètement à l'approche adoptée en la matière, devenue l'un des traits distinctifs de l'approche tunisienne, qui consiste à rompre avec cette conception du social où il ne serait qu'assistance et entrave à une libération des énergies ou encore de simples mesures correctives de certaines retombées non souhaitées de l'ajustement pour lui substituer une politique active privilégiant les solutions durables reposant, essentiellement, sur le développement des capacités individuelles de chaque citoyen afin de lui permettre d'apporter sa contribution et sa participation à l'effort de développement et d'en profiter.

Cette approche est d'autant plus appréciable qu'elle s'est vue relayer par une panoplie de politiques et de programmes visant à concrétiser et à renforcer, dans le vécu quotidien des citoyens et des citoyennes un ensemble de droits fondamentaux : le droit à l'éducation, le droit au travail, le droit à la santé, le droit au logement et le droit à la protection sociale.
L'importance que j'accorde à cette approche et à sa mise en oeuvre découlent d'une conviction profonde quant à ce que je perçois comme étant le rôle de l'Etat, voire ce qui pourrait être perçue comme étant une obligation de la communauté nationale envers un citoyen.
En effet, je considère que ce que peut revendiquer un citoyen, en toute légitimité, de la direction de son pays, ce n'est pas un égalitarisme avilissant et déniant toute forme de valorisation de la compétence et du mérite mais c'est de pouvoir bénéficier d'une base objective assurant l'égalité des chances quant à la possibilité offerte à tout un chacun de s'intégrer et d'aspirer à la mobilité et à l'ascension sociales comme garant d'une plus grande justice sociale.
La pertinence de cette approche du social provient du fait qu'elle a prévu, parallèlement aux politiques de relèvement des capacités individuelles et du capital humain dont peut disposer l'économie dans son ensemble, des programmes ciblés s'adressant aux personnes âgées, aux handicapés et aux zones défavorisées qu'on a pris l'habitude d'appeler en Tunisie : les catégories et les régions à besoins spécifiques.
La mise en oeuvre de ces programmes présente, en réalité, un double intérêt : d'une part, d'accompagner les autres politiques et de consolider leur impact en matière de lutte contre la pauvreté, l'exclusion et la marginalisation et, d'autre part, de renforcer la solidarité nationale qui demeure le meilleur antidote contre les effets de l'économie de marché comme mécanique génératrice d'inégalités sociales.
Le fait d'avoir fait de l'égalité des chances l'une des motivations principales de ce social repensé et les acquis considérables de la Tunisie en matière de consécration des droits sociaux expliquent, certainement et dans une large mesure, la stabilité sociale dont elle jouit ; ce bien incommensurable dont on ne peut mesurer toute l'étendue qu'en suivant les informations relatives à plusieurs pays et régions du monde.
Une transition politique fondamentalement bien engagée, une stabilité sociale portée par une dynamique d'égalité des chances et de solidarité ont, également, servi de cadre approprié à une transition économique devant mettre fin à une économie assistée et protégée en faveur d'une économie de marché intégrée.
Tout comme pour le politique et le social, que pouvais-je retenir comme éléments importants du bilan économique pour développer mon argumentaire sans pour autant le transformer en un tableau de bord de l'économie tunisienne

qui, eu égard à l'amélioration significative de ses indicateurs, aurait pu m'inciter à ne pas développer davantage ma réflexion.
L'élément auquel j'accorde le plus d'importance de cette composante du bilan est la vision retenue du libéralisme économique qui est d'ailleurs en'cohérence avec celle adoptée au niveau du social.
Elle correspond au fait de considérer que s'il est vrai que, dans un monde de concurrence et de compétition, la libéralisation des énergies et des capacités, la stimulation et la promotion de l'initiative privée sont à la base de la croissance économique et de la création des richesses pour une Nation, il n'en demeure pas moins vrai que cette croissance et cette création ne peuvent être perçues comme une fin en soi et qu'elles ne valent que par ce qu'elles auraient autorisées comme amélioration de bien être de l'ensemble des catégories sociales.
C'est, par conséquent, cet instrumentalisation de l'économique au profit d'un progrès social largement partagé qui me paraît l'un des faits marquants de l'expérience tunisienne si j'avais à bien apprécier sa logique et à la comparer à celles d'autres pays qui ont eu à s'adapter aux exigences de la mondialisation en termes de libéralisation et d'ouverture de leurs économies.
Le deuxième fait qui mérite d'être relevé, procédant et s'intégrant parfaitement dans cette optique, est d'avoir retenu comme critère du rééquilibrage opéré entre les rôles de l'Etat et du secteur privé leur complémentarité dynamique et évolutive et leur efficacité comparative.
Les réformes engagées sur la base de ce critère ont permis de progresser vers un Etat ayant pour principales missions : l'adaptation du cadre réglementaire, pour lui conférer la stabilité et la transparence à même de faciliter l'initiative privée, la régulation de l'économie par la mise en oeuvre de politiques macroéconomiques appropriées et la rationalisation du système d'incitation, la valorisation des ressources humaines, le développement des infrastructures, la consolidation et la modernisation du système financier et de l'administration ainsi que la production et la diffusion de l'information.
Du côté du secteur privé, ces réformes avaient pour objet de développer sa capacité d'innovation, de maîtrise et d'adaptation des technologies, d'améliorer ses méthodes de gestion, la structure de ses coûts et la qualité de ses produits, autant d'actions de nature à permettre à l'entreprise tunisienne d'atteindre une parité entre ses performances et celles des entreprises concurrentes ; cette parité étant la condition requise pour qu'elle puisse se positionner durablement sur les marchés intérieur et extérieur.
De ce deuxième élément du bilan économique, je retiens que la Tunisie a pu faire évoluer le rôle de l'Etat d'une manière globalement satisfaisante, malgré le fait qu'il ne peut plus compter que sur l'incitation pour moduler les comportements des agents économiques et un environnement international peu



commode, vers le rôle d'Etat stratège, en développant notamment sa capacité d'anticipation ; d'Etat arbitre, entre les différents intérêts et les divers choix pour concilier entre l'intérêt général et l'intérêt individuel ; et d'Etat régulateur, veillant à l'amélioration de la compétitivité de l'environnement de l'entreprise et palliant les insuffisances du marché en matière de partage des fruits de la croissance entre les individus et les catégories sociales.
Le troisième élément de ce bilan est cette capacité, dont a fait preuve le pays, à concilier entre constance des objectifs de la stratégie de développement et adaptation continue et réfléchie des politiques et des réformes mises en oeuvre afin de les concrétiser.
A ce propos, le fait d'avoir su se conformer à cette démarche basée sur le gradualisme, constituant une des spécificités de l'approche tunisienne, et ce malgré de multiples pressions exercées par des parties différentes, explique sans doute pour beaucoup les résultats socioéconomiques de la Tunisie pour au moins une double raison.
D'une part, ce gradualisme a permis d'améliorer la capacité des agents économiques et plus particulièrement celle du secteur privé à s'adapter au nouveau contexte tout en assurant la complémentarité et la cohérence requises par l'efficacité des réformes qui touchaient plusieurs domaines à la fois.
D'autre part, il a largement contribué à mieux contenir le coût social de l'ajustement qui n'est pas important que pour des considérations sociales, quand bien même elles sont importantes, mais nécessaire pour garantir la stabilité politique et sociale, déterminante pour que le secteur privé local et étranger joue le rôle qui lui est dévolu dans une stratégie basée sur une économie de marché ouverte sur l'extérieur.
Le quatrième élément qui m'interpelle de ce bilan est l'intérêt accordé par la stratégie de développement au développement régional qui reflète, pour moi, cette volonté de concrétiser le principe de l'égalité des chances et des opportunités pour tous les tunisiens et toutes les tunisiennes quelle que soit leur localisation géographique et la conviction que la réalisation des objectifs qu'une communauté nationale se fixe et le relèvement des défis découlant du nouveau contexte exigent la mobilisation de toutes les énergies et de toutes les forces vives d'une Nation.
C'est sous cet angle que je perçois les politiques et les programmes mis en place visant à instaurer une dynamique de valorisation du potentiel propre à chaque région et d'élimination de toute entrave à son développement, pour en faire un acteur à part entière dans le processus de développement et favoriser sa complémentarité avec les autres régions en vue de créer des synergies à même d'accélérer leur développement et de renforcer la cohésion nationale.

Le cinquième élément, bien qu'en toute rigueur ses enjeux font qu'il ne peut relever que de la composante économique du bilan, est cette grande sensibilité qu'a montré la Tunisie vis-à-vis des questions ayant trait à la préservation des ressources naturelles et la protection de l'environnement.
En effet, en faisant sienne le concept de développement durable, elle s'est attelée à intégrer d'une manière, j'allais dire, presque systématique la préservation du capital naturel dans les arbitrages et les choix de politique économique donnant, de la sorte, aux principes de l'égalité des chances et de la solidarité une portée intergénérationnelle.
Finalement, au regard de son bilan économique, on peut considérer que dans sa dimension qualitative figurent : une capacité institutionnelle notable, une ouverture et une intégration remarquables, un environnement de l'entreprise appréciable, une amélioration du bien être individuel et collectif indiscutable et une réactivité du secteur privé encore en deçà du souhaitable.
Pour ce qui est de la culture, et dans son sens large, ce qui doit être mis en avant, c'est l'effort indéniable qui a été engagé pour la promouvoir et lui donner la place qu'elle mérite dans la stratégie de développement répondant à cette conviction que la concrétisation dans les faits de concepts et de notions tels que l'identité et l'appartenance nationale, le développement, la démocratie, l'entreprise, l'efficacité, la solidarité et le changement, d'une façon générale, nécessite tout autant la mise en oeuvre de politiques et de programmes qu'une adaptation de la mentalité, de l'attitude et du comportement du citoyen qui demeure, en dernière instance, l'acteur central et le principal bénéficiaire de la réussite de cette stratégie.
C'est dans cette optique, et afin de faire de la culture un levier et un vecteur de la transition politique, économique et sociale, que s'intègrent les actions déployées pour développer les domaines du théâtre, du cinéma, de la musique, de l'édition et du livre, des beaux-arts et de la conservation du patrimoine archéologique et historique, et celles entreprises pour améliorer les conditions morales et matérielles des hommes et femmes de culture.
Arrivé à ce stade de mon argumentaire, il ne me restait plus qu'à le relire pour en tirer les principaux enseignements et se faire une appréciation du bilan à même de m'aider à répondre à la question que je me suis posée. C'est ce que je ferai lundi soir car j'étais fatigué pour pouvoir le faire avec le discernement requis et, qui plus est, j'ai épuisé mes provisions d'un jour en café, en petits gâteaux et, surtout, en cigarettes.
De retour du travail, et après avoir pris le temps de dîner et de me reposer, je me suis isolé dans ma chambre, j'ai ouvert mon portable et je me suis mis à lire attentivement ce que j'avais jusque-là écrit.

Pour la formuler, je décida d'aller jusqu'au bout de la logique implicite à la façon avec laquelle a été conduite cette réflexion et de faire comme si j'étais devant Monsieur le Président de la République.
Pour simuler la scène et mieux la vivre, j'ai fermé les yeux que je rouvris rapidement. Si rien qu'en y pensant, il est difficile de garder son naturel devant un Président et de ne pas avoir l'aisance qu'on se croit avoir d'habitude, que doivent ressentir les gens qui se retrouvent dans la réalité dans cette situation.
Je suis revenu, par conséquent, vers mon portable pour écrire la conclusion de ma réflexion.
Ce bilan ne s'est intéressé qu'aux choix, aux arbitrages et aux acquis qualitatifs de la Tunisie. Il a été, volontairement, conduit de la sorte et ce pour une double raison.
La première est que, dans pareil exercice consistant à évaluer les étapes parcourues par un pays afin d'en tirer des enseignements devant permettre de prendre des décisions en rapport avec son avenir, le plus indiqué est de se focaliser sur ses fondamentaux, sur la dimension structurelle des différentes composantes de sa stratégie de développement qui sont plus à même d'éclairer et de renseigner sur son potentiel et l'évolution de sa trajectoire dans les années à venir.
La deuxième, en relation avec la première, est que la discussion du bilan d'un pays, quel qu'il soit, se doit d'être objective et profonde et ne doit prendre la forme ni d'un discours euphorique et suffisant ni celle d'un discours nihiliste et négatif.
Sur la base de l'ensemble de ces considérations, je peux dire que le parcours réalisé par mon pays, dépourvu de ressources naturelles et devant composé avec un environnement international loin de faciliter sa transition, est relativement impressionnant.
II a su, relativement à la marge de manoeuvre dont il pouvait disposer, introduire une dynamique réformatrice d'une grande ampleur selon un séquentiel qui a pris en considération ses choix, ses objectifs et ses propres arbitrages pour enregistrer des acquis certains en matière de démocratisation de la vie publique, de transition et d'intégration économique et d'amélioration du bien être individuel et collectif.
Ce bilan, lui conférant un potentiel réel et rendant légitime ses ambitions, lui impose d'être plus exigeant avec lui-même pour pallier ses insuffisances et satisfaire aux nombreuses exigences de la prochaine étape pour défendre ses intérêts et avoir la place qui lui sied dans le concert des Nations.

Monsieur le Président, en me référant davantage à votre capacité à pallier ces insuffisances et à répondre à ces exigences qu'aux acquis indéniables de votre bilan, de notre bilan, j'ai décidé de voter pour vous en octobre prochain.
Monsieur le Président, sous d'autres cieux et dans pareil contexte, on parle de vote utile, moi je parlerai plutôt de vote raisonné car il se base sur des faits et des éléments objectifs me conduisant à vous faire confiance pour votre réalisme, votre expérience et votre notoriété.
Monsieur le Président, j'ai confiance, avant tout et après tout, dans votre patriotisme.
Voilà pourquoi, Monsieur le candidat Ben Ali, je vous accorderai ma voix, mais, surtout et bien au-delà, voilà pourquoi Monsieur le Président vous pouvez, citoyen que je suis, compter sur moi.


Un Citoyen tunisien
                                                                                    
 Sémi CHERIF

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