mardi 28 août 2012

Le taux de chômage des jeunes en Tunisie se situe parmi les plus élevés au monde








Dans son dernier rapport(a) dédié au monde arabe qu’il vient de publier, le WEF souligne que le chômage en Tunisie est parmi les plus élevés au monde et que ce phénomène frappe particulièrement les jeunes. Avec un taux de chômage des jeunes supérieur à 30%, la Tunisie se situe même dans le peloton de tête au niveau mondial. En entraînant une forte chute de l’activité économique, les fortes turbulences qui ont marqué le pays en 2011 ont amplifié ce phénomène.


Plus remarquable, l’éducation ne constitue plus un passeport pour l’accès à l’emploi. Le taux de chômage des jeunes ayant une formation supérieure s’est même inscrit en hausse au cours des années deux-mille (voir graphique page 2). En somme, plus on pousse ses études en Tunisie, moins on a de chances d’accéder à un emploi. Il en résulte que le chômage est en bonne partie, due au fait que les jeunes restent longtemps, plus longuement que dans les autres pays, en position d’attente du « bon emploi » ; celui qui correspondrait à leurs aspirations et à leurs qualifications supposées.
Toujours selon le WEF, les facteurs qui sont à l’origine de cet important chômage des jeunes sont la démographie, l’inadéquation de la formation, les rigidités du marché du travail, le surpoids du secteur public et enfin, les disparités salariales et autres avantages offerts par l’emploi public.

Les jeunes actuellement sans emploi sont nés au cours des trois dernières décades c-à-d au cours d’une période marquée par une croît démographique qui, malgré les mesures visant à limiter la natalité mise en œuvre dès les années soixante, est resté relativement soutenu. Le nombre moyen d'enfants qu'ont les femmes qui est actuellement de 2,0 était supérieur à 5 au début des années 1980. D’où une pression qui s’exerce sur le marché du travail qui résulte de l’arrivée sur le marché du travail de ces cohortes des années 1980-1990.

Ce phénomène est aggravé par l’inadéquation de la formation reçue par ces jeunes avec les besoins du marché. Alors que celui-ci est demandeur d’une main d’œuvre « qualifiée » pour une industrie de sous-traitance et des activités de services (tourisme) dont les exigences sont loin de correspondre aux « diplômés » qu’éjecte annuellement en nombre toujours croissant, le système éducatif.


Dans le Global Competitiveness Report 2011-2012, le WEF classe la Tunisie 106ème mondial sur 142 pays en matière d’efficacité du marché du travail et le pourcentage de chefs d’entreprises qui considèrent que la législation du travail constitue une entrave sérieuse à l’embauche y est fort élevé. A l’opposé, c’est seulement dans les pays qui ont réussi à flexibiliser leur marché de l’emploi que le chômage a reculé de manière significative.

Avec un ratio salaires publics/PIB de l’ordre de 11,8% alors que la moyenne mondiale se situe autour de 5,4% (9,8% pour la région MENA), l’emploi public en Tunisie qui représente 22% de l’emploi total, apparaît parmi les plus élevés au monde. En accaparant une part importante des ressources humaines qui, autrement seraient allées dynamiser et renforcer le secteur privé et, en mettant l’accent en matière de recrutement, sur le diplôme davantage que sur les compétences réelles des postulants, le secteur public a introduit de graves distorsions tant en matière de rémunérations que dans les choix éducatifs des jeunes.

Par ailleurs, en plus de la sécurité à vie de l’emploi et des multiples avantages sociaux consentis par la législation du travail qui régit le secteur public, celui-ci offre des rémunérations supérieures de 36% à celles offertes par le secteur privé. D’où une recherche effrénée de l’emploi public au détriment d’emplois plus productifs dans le secteur privé.


Cette analyse révèle en premier lieu qu’il est vain d’escompter une baisse significative du chômage des jeunes à travers une relance de la croissance économique. Même avec des taux élevés de croissance, les retombées sur le taux de chômage seraient modestes en raison de la nature même des structures productives du pays. En clair, c’est seulement à travers des réformes structurelles de fond que la Tunisie peut espérer venir à bout du lancinant problème du chômage. Des réformes qui viseraient à flexibiliser le marché du travail, à abaisser les coûts de financement (réforme financière), à améliorer l’environnement des affaires et à y introduire une dose substantielle de concurrence, à repenser de fond en comble l’école et le système de formation supérieure, à revisiter profondément les pratiques en matière de recrutement dans le secteur public tout en cherchant à réduire sa taille, à privilégier les investissements infrastructurels générateurs d’emplois pour les jeunes etc. Le tout dans un cadre macroéconomique armé d’un système judiciaire indépendant et efficace et empreint d’ordre de stabilité.

(a)  World Economic Forum : Addressing the 100 Million Youth Challenge
Perspectives on Youth Employment in the Arab World in 2012 – Juin 2012
Source : http://hachemialaya.blogspot.com/2012/07/le-taux-de-chomage-des-jeunes-en.html?spref=fb

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