كتب ياسين الصيد في موقع كابيتاليس في
تاريخ 12 مارس 2017 مقالا انتقد فيه تنفذ عائلة الرئيس الباجي خاصة ابنه حافظ
وتحول العائلة الى ما يشبه السلالة الملكية... والثورة نيوز تنشر المقالة كاملة
لطرافتها:
Ce n’est plus un
seul qui gouverne en Tunisie, mais deux, Béji Caïd Essebsi et son fils Hafedh,
sans compter les officines des grandes fourberies.
C’est une histoire
d’enregistrements fuités qui avaient été portés à la connaissance du grand
public. Il s’agit d’un débat de Hafedh Caïd Essebsi avec un noyau induré du
reliquat de Nidaa Tounes. Le perpétrant de ces extravagances autant que ses
victimes offertes au sacrifice évaluent encore mal les conséquences politiques
désastreuses de ces ahurissants aveux qui plongent ce pays dans une agonie d’un
pouvoir jusque-là monotone et sans événement.
Certains jugeraient
les propos condamnables aux yeux de la morale autant que de la loi. Ayant été
diffusés sans le consentement de leur auteur, ils constituent un fait illicite
punissable par la justice. Sauf qu’une telle disposition n’est applicable qu’en
ce qui concerne des individus connus pour se comporter de manière responsable,
qui sont suffisamment avertis pour considérer que le choix des mots en public
ou en comité est affaire sérieuse et qui prennent garde de les utiliser avec la
prudence requise afin qu’ils ne ruinent pas leur crédibilité.
L’indifférence
coupable de Béji Caïd Essebsi
Le caporalisme de
plus en plus brutal du fils à son papa et sa vulgarité que nous avions appris
depuis longtemps à railler tristement, ont tourné à une trivialité écœurante.
Comme cela ne lui suffisait pas, Hafedh Caïd Essebsi a ajouté l’insulte à
l’injure envers les citoyens, leurs représentants, le gouvernement et un
Premier ministre qui suscite aujourd’hui la pitié pour s’être montré l’obligé
ingrat, infidèle et oublieux des services rendus par son bienfaiteur qui
l’avait pourtant hissé à la plus haute fonction de l’Etat. La classe politique
non pensante, pour qui l’invective est seule objet de respect, dont toute
l’ardeur consiste à se claquemurer depuis trois ans dans de vaines espérances,
devrait hennir d’horreur en considérant les insupportables et insultantes
paroles que le fils Caïd Essebsi a proférées à l’endroit de son père et de
Youssef Chahed. Or, nulle indignation, n’est venue troubler un silence complice
et une dissimulation par omission d’une conversation si peu amène à l’endroit
des institutions. Une attitude qui défie les lois naturelles de la raison.
Un siège pour
deux…
«Le chef-d’œuvre de l’homme
est de durer», a écrit Goethe, et ceci vaut pour une nation comme pour une
lignée. Pour toutes celles et ceux qui ne comprendraient pas dans cette affaire
l’indifférence coupable de Béji Caïd Essebsi, le souci de la continuité est
pour une grande part dû au fait qu’il voit le gouvernement non pas comme
l’incarnation de l’exercice de sa politique, car il n’en a guère, mais comme un
prolongement de sa personne. En jugeant qu’il s’est bien acquitté de son devoir
envers la nation, il pense qu’il lui incombe désormais de maintenir et faire
honneur au nom qu’il porte. Autant de raisons pour que le fils traduise
aussitôt en actes ce legs transmis par son père pour le faire valoir
politiquement, l’entretenir socialement et le reconvertir, à l’occasion, en pièces
sonnantes et trébuchantes.
Après les Trabelsi,les Caïd Essebsi
Comme disait
Tocqueville, «le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument».
En leur temps, les
Trabelsi, dont le comportement scandaleux et les excessifs abus défrayèrent la
chronique, s’intéressaient principalement aux pots-de-vin, aux achats publics
et aux contrats qui ne respectent pas les procédures légales. Ils alimentaient
également les marchés parallèles par les importations dédouanées mais ne
s’intéressaient guère à la politique encore moins jugeaient publiquement
l’action des gouvernements. Ils ne cherchaient pas a été être mandatés pour
s’occuper de l’intérêt général d’une région voire d’un pays et, par suite,
leurs agissements ne relevaient pas d’une morale politique. Tout le contraire
des proches de l’actuelle dynastie.
On ne manquera pas
en effet de se souvenir de l’époque Caïd Essebsi comme d’une vaste entreprise
d’immixtion de la famille dans les affaires de l’Etat.
Bien que relevant
d’un comportement non-éthique qui touche la démocratie dans ses fondements,
l’ascension fulgurante dans la hiérarchie de Nidaa Tounes de Hafedh Caïd
Essebsi, qui a démarré à partir de rien pour ensuite atteindre le sommet du
parti, a été banalisée, parfois justifiée, souvent encouragée par les Mohsen
Marzouk, Ridha Belhaj, Faouzi Elloumi, Abdelaziz Kotti, Khemaies Ksila et
autres forcenés du pouvoir dont la parole politique volubile est aujourd’hui
totalement démonétisée.
Il était une fois…un panier à crabes
Tout a commencé par
une certaine promiscuité à la faveur de la campagne électorale de son père et
le parti dont ce dernier était le fondateur. Ces instances avaient permis à
Hafedh de bénéficier de conditions de rencontres et d’échanges dans un milieu
qui resta, malgré le changement de régime politique, toujours rompu aux
complaisances, à l’opportunisme, aux relations d’influence, aux collusion des
intérêts et à l’affairisme débridé.
Après sa tentative
ratée de s’emparer de la tête de liste de l’une des deux circonscriptions de
Tunis aux législatives de 2014, Hafedh avait mis une sourdine à ses déboires.
Sauf qu’un un tel revers n’a jamais troublé l’âme de ses parents qui fondaient
de grands espoirs sur ses capacités intellectuelles autant que sur l’avenir
politique qu’ils avaient prévu pour lui.
Ses dispositions
managériales d’un parti politique étaient devenues subitement évidentes à la
faveur de stratégies conçues par des commis sans expérience politique et des
affairistes sans scrupules. Il s’est alors mis dans la tête que le Nidaa Tounes
lui revenait de droit, qu’il a suffisamment appris dans le domaine de la
pratique du pouvoir pour considérer ce domaine comme partie prenante du patrimoine
familial qu’il revendiquera le moment venu comme un héritage de son père dont
il recueillera un jour la succession.Nulle idéologie ne
l’anime, nulle culture politique ne le porte. Il n’éprouve ni la sympathie pour
les riches ni l’amour pour les pauvres. Juste la familiarité avec un monde dont
les enjeux vont servir ses ambitions et où les intérêts particuliers
l’emportent largement sur l’intérêt général. En somme, le réflexe machinal et
involontaire d’un enfant gâté, forcément méchant et capricieux et des parents
qui cèdent à ses moindres désirs.
Son essor fulgurant
et ses successives promotions, passant d’une proximité symbolique auprès de son
père jusqu’au poste de coordinateur général des structures de Nidaa Tounes pour
finir par accaparer le leadership du parti, doivent être considérés, commentées
et dénoncées comme des symptômes d’un malaise plus profond autant que des
dérives structurelles de la morale politique dans ce pays.
La Tunisie des Caïd
Essebsi est aujourd’hui couverte de ruines, ruines des choses, ruines des
idées, ruines des institutions. Elles ne sont point l’œuvre d’un cataclysme
unique et fortuit, mais l’effet d’un long glissement du pouvoir de la «troïka»,
l’ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha,
jusqu’au au présent régime, qui s’achèvera inévitablement par l’écroulement
d’un système de valeurs qu’on a réduit synthétiquement par le vocable tant
rabâché de démocratie.
L’homme qui a joué
dans la défaite des islamistes un rôle considérable, qui revendiquait l’essor
économique et le progrès social comme la raisons de la raison de son combat,
n’aura finalement achevé ni l’un ni l’autre. Alors que d’honorables personnes
sont restées dans la logique de leurs convictions, Béji Caïd Essebsi qui a
suscité espoir, forcé l’estime et la reconnaissance, a tourné casaque, ne se
rappelant même plus du point de vue auquel il s’est placé à un certain moment,
et par ses palinodies et ses trahisons exposé le pays à une quantité de périls
supplémentaire futurs.
Ce n’est plus un
seul qui gouverne, mais
deux
Dans
l’enregistrement dont il est question ci-haut, on entend Hafdh Caïd Essebsi
humilier l’orgueil du Premier ministre comme on torture un impotent rendu
responsable de ses malheurs. Pour ce faire, il ne se détermine pas
individuellement. «Nous l’avons nommé, dit-il, et voilà qu’il nous
tourne le dos !». En faisant usage du «nous», la personne qu’il associe à lui
n’est autre que le chef de l’Etat. Autant «ils» se félicitent de
l’avoir nommé autant «ils» regrettent ses revirements.
Mais tout cela
demeure insignifiant par rapport à l’effronterie dont il a fait preuve à
l’endroit de son père et président de la République, le gratifiant par la
singulière et dépréciative épithète de «vieux». Autrement dit, celui qui ne
maîtrise plus rien, radote, brouille le passé et le présent. Ce n’est donc plus
un seul qui gouverne, mais deux, peut-être trois sans compter les officines des
grandes fourberies.
Le principe
dynastique, qui repose sur une éternelle répétition de l’identique et auquel
adhère anachroniquement un incompétent, ignorant de la complexité du réel, se
réduit aujourd’hui à une guerre des clans, comme lorsqu’on parle, par exemple,
du «clan des Siciliens», sans allusion aucune à la supposée origine lointaine
des Caïd Essebsi, cela va sans dire. Une guerre dans laquelle des charlatans se
bercent de mirages, et où chaque membre de leur entourage se lèche les dix
doigts dans l’espoir d’un poste ou d’une gratification jusqu’à en perdre le
sommeil.
Par Yassine Essid
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