samedi 18 mars 2017

منظمة مراسلون بلا حدود قلقة من تدهور حرية الصحافة في تونس



عبّرت منظمة مراسلون بلا حدود RSF ، في رسالة مفتوحة وجهتها إلى رئيس الحكومة يوسف الشاهد يوم الجمعة 17 مارس 2017، عن قلقها إزاء تدهور حرية الصحافة  بتونس خلال الأشهر الماضية
وأوضحت المنظمة أنه بالرغم من تعليق العمل بالمنشور عدد 4 في 27 فيفري 2017 والذي يمنع الموظفين العموميين من الإدلاء بتصريحات إعلامية إلا بإذن مسبق من مسؤوليهم، فإنه خلال شهر مارس الجاري رفضت وزارة التعليم العالي والبحث العلمي طلبات رئيس تحرير موقع حقائق أون لاين محمد اليوسفي لإجراء حوار مع الوزير أو الإجابة عن جملة من التساؤلات كما اصدرت وزارة التعليم العالي أيضا مذكرة داخلية دعت فيها إلى مقاطعة 3 وسائل إعلام..
وأشارت منظمة مراسلون بلا حدود إلى أن مثل هذه الممارسات ليست جديدة في تونس مذكرة بمنع صحفيين من دخول مؤسسات تربوية سنة 2015 على خلفية منشور صادر عن وزارة التربية.
ولفتت إلى أنه في نهاية شهر جانفي الفارط جدّت أزمة أثرت على عمل الصحفيين إثر إصدار المنشور عدد 4 آنذاك معتبرة أن إصدار مثل هذه المناشير والمذكرات يبعث بإشارة سلبية في ما يتعلق بالإرادة السياسية لخلق محيط ملائم للحق في الإعلام والحصول على المعلومة وهو حق يحميه الدستور ويؤطره قانون صودق عليه في شهر مارس 2015.
وعبرت المنظمة عن كبير انشغالها من التتبعات الصادرة عن وكيل الجمهورية بالمحكمة العسكرية بتونس لاحالة الصحفيين محمد الحاج منصور (مدير جريدة الثورة نيوز) وجمال العرفاوي (مدير موقع تونيزي تليغراف) وراشد الخياري (مدير موقع الصدى) ، أمام القضاء العسكري على معنى مجلة المرافعات والعقوبات العسكرية في مخالفة للدستور التونسي (الفصول 31 و32 و49) ولمرسوم الصحافة عدد 115 لسنة 2011 وللمواثيق والقوانين الدولية ذات العلاقة، يوم 15 ديسمبر 2016 قضت في حق محمد الحاج منصور المحكمة الإبتدائية العسكرية الدائمة بتونس عقوبة ب 9 اشهر سجنا هو بصدد قضائها الان.  
وتضمنت رسالة المنظمة الدولية عدد 7 مطالب عاجلة وهي التالية :
1- التوقف عن ملاحقة الصحفيين على معنى فصول مجلة المرافعات و العقوبات العسكرية ومجلة الإجراءات الجزائية، أو أي قانون آخر عدى المرسوم عدد 115 الصادر سنة 2011 ، المتعلق بحرية الصحافة والطباعة والنشر.
2- نقل محاكمة محمد الحاج منصور (مدير جريدة الثورة نيوز) في اقرب الاجال من القضاء العسكري الى القضاء العدلي.
3- التوقف عن اللجوء إلى المناشير و المذكرات التي تعيق عمل وسائل الاعلام،
4- احترام حق الصحفيين في الوصول إلى المعلومة والعمل على تسهيل عملهم والتعجيل بارساء "هيئة النفاذ إلى المعلومة" .
5- السماح للمراسلين المعتمدين في تونس لدى وسائل الاعلام الاجنبية، بالقيام بعملهم بكامل الحرية.
6- جعل الاستراتيجية والمهلة التي حددتها وزارة الشؤون الخارجية علنية لتسليط الضوء على قضية اختفاء الصحفيين سفيان الشورابي ونذير القطاري.
7- إحداث لجنة تحقيق مشتركة بين الوزارات المعنية و المنظمات غير الحكومية، للتحقيق في ظروف إختفاء الصحفيين سفيان الشورابي ونذير القطاري في ليبيا منذ أشهر طويلة.
هذا وحملت الرسالة المفتوحة امضاء كريستوف ديلوار، الأمين العام لمنظمة "مراسلون بلا حدود"



Monsieur Youssef Chahed
Premier ministre de la République tunisienne
Place du Gouvernement - La Kasbah
1020 - Tunis
Tunis, le 17 mars 2017


Monsieur le Premier Ministre,

Reporters sans frontières (RSF) vous exprime son inquiétude face à la dégradation, ces derniers mois, de la liberté de la presse dans le pays.

Bien que la circulaire n°4 du 16 janvier 2017, relative à l’organisation des organes d’information et de communication relevant des ministères, des institutions et des établissements, ait été supprimée le 27 février dernier, des journalistes continuent à nous faire part de leurs difficultés à obtenir des informations auprès des administrations et ministères dépendants de vos services. En mars, Mohamed Yousfi, rédacteur en chef du média en ligne Hakaek online, s’est vu refuser par le ministère de l’Enseignement supérieur la réponse à ses questions et ses demandes d’interviews. Une note interne a également été diffusée dans le ministère blacklistant trois médias.

La pratique n’est pas nouvelle. En mai 2015, l’interdiction a été faite à des journalistes d’accéder à des établissements scolaires, à la suite d’une circulaire du ministère de l’éducation. Fin janvier, une crise importante a suivi et grandement affecté le travail des journalistes suite à la mise en application de la circulaire du 16 janvier 2016. L’envoi de telles circulaires lance un signal négatif quant à la volonté politique de créer un environnement favorable au droit d’informer et d’être informé, protégé par la Constitution et encadré par une loi votée en mars 2015.

Notre organisation souhaite également vous faire part de son extrême préoccupation suite aux poursuites engagées par le procureur auprès du tribunal militaire, sur la base du code de justice militaire, contre les journalistes Jamel Arfaoui (Tunisie Telegraph), Rached Khiari (Al Sadaa) et Mohamed Haj Mansour (Al Thawra News). Le 15 décembre, Hadj Mansour a été condamné à une peine de prison de neuf mois ferme qu’il purge actuellement. La poursuite et la condamnation de journalistes par un tribunal militaire constituent une violation du droit international, en vertu duquel ce type de juridiction ne devrait pas avoir compétence s’agissant de civils. Ces derniers devraient être jugés conformément aux standards internationaux du procès équitable garantis par l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et consacré par la Constitution tunisienne dans ses articles 31, 32 et 49.

Le Comité des droits de l’Homme des Nations unies, dans son Observation générale n°34 de juillet 2011, accorde une importance particulière à l’expression sans entraves sur les personnalités publiques du domaine politique et des institutions publiques, y compris la critique à l’égard des institutions telles que l’armée ou l’administration.

Enfin, seul le décret-loi n°115-2011 relatif à la liberté de la presse, de l’imprimerie et de l’édition devrait être appliqué concernant les éventuelles infractions commises par voie de presse et non d’autres textes de loi. En juillet 2014, notre organisation publiait une étude détaillant les raisons pour lesquelles elle considérait que le décret-loi n°115-2011 était le seul garant d’un standard minimum de la protection de la liberté de la presse et de ses acteurs. Ce constat est encore valable aujourd’hui.

La situation des correspondants permanents de médias étrangers est également sujet d’inquiétude. Selon nos sources, les forces de l’ordre demandent depuis la mi-décembre aux correspondants de fournir des autorisations spéciales lors de leurs déplacements. Celle-ci n’a jamais été exigée auparavant sauf dans des zones particulièrement sensibles. Ce type de demande constitue une entrave à l’exercice du journalisme, d’autant plus pour les correspondants accrédités par vos services.

Nous souhaitons enfin rappeler au gouvernement tunisien l’urgence de faire toute la lumière sur la disparition des journalistes Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari. En janvier dernier, la chaîne libyenne Al Hadath a relayé le témoignage d’un ancien djihadiste libyen affirmant que les deux journalistes tunisiens étaient morts. Ces informations concordent avec celles obtenues par notre organisation. A la suite de ces déclarations, votre gouvernement a déclaré que des procédures légales et diplomatiques seraient engagées, sans plus de précisions.

Ainsi, RSF demande au gouvernement tunisien de :
1. Cesser de poursuivre les journalistes sur la base du code de justice militaire, du code pénal ou de toute autre loi autre que le décret-loi n°115-2011 relatif à la liberté de la presse dans les cas d'infractions commises par voie de presse ;

2. Transférer dans les plus brefs délais Mohamed Hadj Mansour devant une juridiction civile ;

3. Cesser de recourir à des circulaires et notes blacklistant des médias et restreignant le droit d’informer ;

4. Respecter le droit d’accès à l’information des journalistes et faciliter leur travail et dans ce cadre mettre en place dans les plus brefs délais l’Instance d’accès à l’information ;

5. Permettre aux correspondants de médias étrangers accrédités d’effectuer leur travail librement ;

6. Rendre public la stratégie et les délais fixés par le ministère des Affaires étrangères pour faire la lumière sur l’affaire de la disparition de Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari ;

7. Créer de manière urgente une commission d’enquête mixte sur la disparition des deux journalistes tunisiens en Libye, composée de membres du gouvernement et d’ONG.

Je vous remercie par avance pour l’attention que vous porterez à nos demandes et vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.



Christophe Deloire
Secrétaire général






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