vendredi 13 novembre 2015

Mehdi Jomâa, « le dernier de la classe »




Mehdi Jomâa, ministre sortant du ministère de l’Industrie fin 2013, où il était  nommé par Ennahdha, parti islamiste majoritaire à l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) , est précipité en janvier 2014 à la tête du gouvernement provisoire, sous pression des lobbys industriels occidentaux. Nomination  qui a déclenché la colère des opposants, qui considéraient qu’un ministre sortant, ne pouvait être « un Premier ministre de consensus ».

Biographie de Mehdi Jomâa

   Mehdi Jomâa est né le 21 avril 1962 à Mahdia, dans l’est du pays. Il  est diplômé de l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis (ENIT), en 1988.
Etudiant, il avait milité dans les années 1980, à l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE, syndicat islamiste), où il a occupé le poste de secrétaire général adjoint, à côté d’Abdelkarim Al Harouni, ministre du transport sous la « Troika », et membre du parti islamiste Ennahda.
Après une longue carrière professionnelle en France, il est devenu en 2004, vice-président chez Hutchinson, une filiale du géant français « Total », spécialisée dans l’aérospatiale.
Arrivé de France en mars 2013, où il a laissé sa femme et ses cinq enfants, Mehdi Jomâa s’est installé chez ses parents au Bardo. Il occupa d’abord le ministère de l’Industrie, sous le gouvernement d’Ali Laârayedh, ensuite, en janvier 2014, il rejoignit la Kasba.


Mehdi Jomâa, un stagiaire d’Ennahda

Détenteur de la double nationalité, Mehdi Jomâa a mis ses compétences au service de la France, et n’a pas renoncé à la nationalité française, même lorsqu’il a été désigné par Ennahda, pour occuper, d’abord le ministère de l’Industrie, ensuite, le premier ministère.
Théoriquement, sa mission en tant que premier ministre, était de sortir le pays d’une crise socio-économique grave, de faire face au terrorisme et de mener à bien des élections libres et transparentes. Mais la réalité est toute autre.
Débarqué en Tunisie en 2013, Mehdi Jomâa ne savait pas à quoi s’en tenir, face à un paysage politique qui lui était tout à fait étranger.
Après un passage  au ministère de l’Industrie couronné par un échec, il a été accusé de laxisme dans des affaires de corruption liées au secteur pétrolier et gazier. En septembre 2014, dans une déclaration faite aux médias, Mehdi Jomâa avait annoncé que son gouvernement étudiait déjà les offres des différentes compagnies de forage du gaz de schiste, et que ce gaz était une ressource naturelle qui pouvait rapporter gros au pays, défiant ainsi toutes les critiques à cet égard, et mettant la santé publique en danger, vu les répercussions dangereuses de ce gaz sur l’environnement et la vie humaine.
A noter que Mehdi Jomâa avait maintenu dans son gouvernement, des ministres dont les noms étaient étroitement liés à la corruption


Un corrompu pour rompre avec la corruption

Dès l’arrivée de Mehdi Jomâa à la Kasba, cinquante députés des différents blocs parlementaires, en majorité hostiles à sa nomination, ont demandé la tenue d’une séance plénière exceptionnelle à l’Assemblée, pour l’audition de ce dernier, sur la corruption financière et administrative dans les secteurs pétrolier et gazier. L’association I watch, quant à elle, avait  dénoncé -lors de la tenue de la 16ème édition internationale de lutte contre la corruption en Malaisie -qui devait se tenir en Tunisie en octobre 2014- l’« impunité », indiquant à cette occasion, que la trésorerie de l’Etat avait payé la somme de 2.3 millions de dinars à Transparency International, pour l’organisation de la conférence, que Mehdi Jomâa et le Secrétaire d’Etat Anouar Ben Kh’lifa, en avaient refusé la tenue, et ce, malgré l’opposition de la commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption au sein de l’ANC, à cette décision.


Entre Jomâa et son équipe, la Tunisie balance

Pour un Premier ministre de transition, dont la principale tâche était de mener le pays aux élections, nous constatons que Mehdi Jomâa est allé au-delà de ses limites, en se permettant d’engager le pays dans des affaires à long terme, qui  risquent de le mener droit dans le gouffre. Pire encore, il s’est empressé de finaliser, à peine dix jours avant son départ, un emprunt obligatoire sur dix ans, avec un taux d’intérêt d’environ 6 %, un lourd fardeau qu’il a jeté sur le dos du nouveau gouvernement. Pourquoi une telle hâte ? Et pourquoi un taux aussi élevé ?
Avec une équipe dont les noms suscitent le doute par rapport à leurs intégrités et leurs degrés d’indépendance, les plus contestés étaient Kamel Ben Naceur, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines, et Amel Karboul, ministre du Tourisme.
Selon un article publié par « Tunisie Secret » le 10 septembre 2014, Mehdi Jomâa et Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, « ont pesé de toute leur influence pour que l’exploitation du gisement de Zaafrana, soit accordée au groupe néerlandais « Mazarine Energy », un groupe d’exploration et de production de pétrole et de gaz ».Toujours selon « Tunisie Secret », cet accord a été annoncé, en présence du ministre de l’Industrie et de l’Energie, Kamel Ben Naceur, lors d’une cérémonie organisée par l’ambassadeur Néerlandais, Hans van Vloten Dissevelt, à l’occasion de l’arrivée de la société Mazarine Energy en Tunisie, afin d’obtenir 90 % des droits d’exploitation de la Licence terrestre Tunisienne Zaafrane .      

De sa part, la ministre du Tourisme Amel Karboul, avait caché sa visite à l’État d’Israël pour offrir des formations sur le leadership et le coaching. Pour la soutenir, Mehdi Jomâa avait dénié cette version, affirmant que sa  ministre s’était rendue en Cisjordanie (Palestine), pour former un groupe de Palestiniens. Cette même ministre mariée et mère de deux enfants, n’a pas caché sa relation extra- conjugale avec l’homme d’affaires Tuniso-Suisse et ami de Mehdi Jomâa, Kamel Lazaar, allant jusqu’à mettre toute l’administration de son ministère, au service des intérêts de ce dernier. La corruption des ministres de Jomâa était sans limites, ils sont allés jusqu’à essayer de céder un patrimoine classé mondial, ( 11,5 hectares à Borj Boukhris ), pour satisfaire la convoitise de cet homme d’affaires, et pour que Madame Karboul, gagne les faveurs de son bien aimé !


Jomâa, un raté qui s’ignore

D’après les échecs qui se sont succédé dans la carrière politique de  Mehdi Jomâa, il est évident qu’en politique, celui-ci est « le dernier de la classe », car, il a agi en dehors du domaine de ses compétences. Lui, qui dès sa sortie de la Kasba, ne cesse de faire le tour du monde pour préparer -malgré son échec confirmé- son retour sur la scène politique.
Finalement, Mehdi Jomâa n’a tenu aucune de ses promesses aux Tunisiens, et au lieu de remédier aux maux de la Tunisie et soigner son image, il n’a fait que se vendre, dans l’espoir de gagner l’appui des pays du Golfe d’une part, et de la France d’autre part, pour enfin, se jeter, dans les bras des Etats-Unis.
Mehdi Jomâa, cet islamiste confirmé, déguisé en technocrate indépendant, le peuple n’est pas dupe !
Probablement serait-il le candidat surprise d’Ennahda aux prochaines élections présidentielles ?



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