Mehdi
Jomâa, ministre sortant du ministère de l’Industrie fin 2013, où il était nommé par Ennahdha, parti islamiste
majoritaire à l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) , est précipité en janvier 2014 à la tête du gouvernement
provisoire, sous pression des lobbys industriels occidentaux. Nomination qui a déclenché la colère des opposants, qui considéraient qu’un ministre sortant,
ne pouvait être « un Premier ministre de consensus ».
Biographie
de Mehdi Jomâa
Mehdi Jomâa est né le 21 avril 1962 à Mahdia, dans
l’est du pays. Il est diplômé de l’Ecole
nationale d’ingénieurs de Tunis (ENIT), en 1988.
Etudiant, il avait milité dans les années
1980, à l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE, syndicat islamiste),
où il a occupé le poste de secrétaire général adjoint, à côté d’Abdelkarim Al
Harouni, ministre du transport sous la « Troika », et membre du
parti islamiste Ennahda.
Après une longue carrière professionnelle
en France, il est devenu en 2004, vice-président chez Hutchinson, une filiale
du géant français « Total », spécialisée dans l’aérospatiale.
Arrivé de France en mars 2013, où il a
laissé sa femme et ses cinq enfants, Mehdi Jomâa s’est installé chez ses
parents au Bardo. Il occupa d’abord le ministère de l’Industrie, sous le
gouvernement d’Ali Laârayedh, ensuite, en janvier 2014, il rejoignit la Kasba.
Mehdi Jomâa, un stagiaire d’Ennahda
Détenteur de la double nationalité, Mehdi Jomâa a mis ses
compétences au service de la France, et n’a pas renoncé à la nationalité
française, même lorsqu’il a été désigné par Ennahda, pour occuper, d’abord le
ministère de l’Industrie, ensuite, le premier ministère.
Théoriquement, sa mission en tant que premier ministre, était
de sortir le pays d’une crise socio-économique grave, de faire face au
terrorisme et de mener à bien des élections libres et transparentes. Mais la
réalité est toute autre.
Débarqué en Tunisie en 2013, Mehdi Jomâa ne savait pas à quoi
s’en tenir, face à un paysage politique qui lui était tout à fait étranger.
Après un passage au
ministère de l’Industrie couronné par un échec, il a été accusé de laxisme dans
des affaires de corruption liées au secteur pétrolier et gazier. En septembre
2014, dans une déclaration faite aux médias, Mehdi Jomâa avait annoncé que son
gouvernement étudiait déjà les offres des différentes compagnies de forage du
gaz de schiste, et que ce gaz était une ressource naturelle qui pouvait
rapporter gros au pays, défiant ainsi toutes les critiques à cet égard, et
mettant la santé publique en danger, vu les répercussions dangereuses de ce gaz
sur l’environnement et la vie humaine.
A noter que Mehdi Jomâa avait
maintenu dans son gouvernement, des ministres dont les noms étaient étroitement
liés à la corruption
Un corrompu pour rompre avec la corruption
Dès l’arrivée de Mehdi Jomâa à la Kasba, cinquante députés
des différents blocs parlementaires, en majorité hostiles à sa nomination, ont
demandé la tenue d’une séance plénière exceptionnelle à l’Assemblée, pour
l’audition de ce dernier, sur la corruption financière et administrative dans
les secteurs pétrolier et gazier. L’association I watch, quant à elle,
avait dénoncé -lors de la tenue de la 16ème
édition internationale de lutte contre la corruption en Malaisie -qui devait se
tenir en Tunisie en octobre 2014- l’« impunité », indiquant à cette
occasion, que la trésorerie de l’Etat avait payé la somme de 2.3 millions de
dinars à Transparency International, pour l’organisation de la conférence, que
Mehdi Jomâa et le Secrétaire d’Etat Anouar Ben Kh’lifa, en avaient refusé la
tenue, et ce, malgré l’opposition de la commission de la réforme administrative
et de la lutte contre la corruption au sein de l’ANC, à cette décision.
Entre Jomâa et son équipe, la Tunisie balance
Pour un Premier ministre de transition, dont la principale
tâche était de mener le pays aux élections, nous constatons que Mehdi Jomâa est
allé au-delà de ses limites, en se permettant d’engager le pays dans des
affaires à long terme, qui risquent de
le mener droit dans le gouffre. Pire encore, il s’est empressé de finaliser, à
peine dix jours avant son départ, un emprunt obligatoire sur dix ans, avec un
taux d’intérêt d’environ 6 %, un lourd fardeau qu’il a jeté sur le dos du
nouveau gouvernement. Pourquoi une telle hâte ? Et pourquoi un taux aussi
élevé ?
Avec une équipe dont les noms suscitent le doute par rapport
à leurs intégrités et leurs degrés d’indépendance, les plus contestés étaient
Kamel Ben Naceur, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines, et Amel
Karboul, ministre du Tourisme.
Selon un article publié par « Tunisie Secret » le
10 septembre 2014, Mehdi Jomâa et Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, « ont
pesé de toute leur influence pour que l’exploitation du gisement de Zaafrana,
soit accordée au groupe néerlandais « Mazarine Energy », un groupe d’exploration et de
production de pétrole et de gaz ».Toujours selon « Tunisie
Secret », cet accord a été annoncé, en présence du ministre de l’Industrie
et de l’Energie, Kamel Ben Naceur, lors d’une cérémonie organisée par
l’ambassadeur Néerlandais, Hans van Vloten Dissevelt,
à l’occasion de l’arrivée de la société Mazarine Energy en Tunisie, afin
d’obtenir 90 % des droits d’exploitation de la Licence terrestre Tunisienne
Zaafrane .
De sa part, la ministre du Tourisme Amel Karboul, avait caché
sa visite à l’État d’Israël pour offrir des formations sur le leadership et le
coaching. Pour la soutenir, Mehdi Jomâa avait dénié cette version, affirmant
que sa ministre s’était rendue en
Cisjordanie (Palestine), pour former un groupe de Palestiniens. Cette même
ministre mariée et mère de deux enfants, n’a pas caché sa relation extra- conjugale
avec l’homme d’affaires Tuniso-Suisse et ami de Mehdi Jomâa, Kamel Lazaar,
allant jusqu’à mettre toute l’administration de son ministère, au service des
intérêts de ce dernier. La corruption des ministres de Jomâa était sans limites,
ils sont allés jusqu’à essayer de céder un patrimoine classé mondial, ( 11,5
hectares à Borj Boukhris ), pour satisfaire la convoitise de cet homme d’affaires,
et pour que Madame Karboul, gagne les faveurs de son bien aimé !
Jomâa, un raté qui s’ignore
D’après les échecs qui se sont succédé dans la carrière
politique de Mehdi Jomâa, il est évident
qu’en politique, celui-ci est « le dernier de la classe », car, il a
agi en dehors du domaine de ses compétences. Lui, qui dès sa sortie de la
Kasba, ne cesse de faire le tour du monde pour préparer -malgré son échec
confirmé- son retour sur la scène politique.
Finalement, Mehdi Jomâa n’a tenu aucune de ses promesses aux
Tunisiens, et au lieu de remédier aux maux de la Tunisie et soigner son image,
il n’a fait que se vendre, dans l’espoir de gagner l’appui des pays du Golfe
d’une part, et de la France d’autre part, pour enfin, se jeter, dans les bras
des Etats-Unis.
Mehdi Jomâa, cet islamiste confirmé, déguisé en technocrate
indépendant, le peuple n’est pas dupe !
Probablement serait-il le candidat surprise d’Ennahda aux
prochaines élections présidentielles ?
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