vendredi 24 mars 2017

منظمة مراسلون بلا حدود: تراجع حرية الصحافة في دولة الباجي

على خلفية المحاكمة العسكرية لمدير الثورة نيوز


نشرت منظمة مراسلون بلا حدود بتوقيع سكرتيرها "كريستوف دولوار" تقريرها بخصوص تدهور اوضاع حرية الصحافة في تونس ...وحملت فيه حكومة يوسف الشاهد المسؤولية على الحط من التصنيف العالمي لتونس في مجال حرية الصحافة واحترام الحق في النفاذ الى المعلومة وعبرت المنظمة عن كبير انشغالها من التتبعات الصادرة عن وكيل الجمهورية بالمحكمة العسكرية بتونس باحالته للصحفي محمد الحاج منصور مدير جريدة الثورة نيوز امام القضاء العسكري على معنى فصول مجلة المرافعات والعقوبات العسكرية.


واعتبرت «مراسلون بلا حدود» ان تلك الاجراءات  مخالفة للدستور التونسي في الفصول 31 و32 و49 ومخالفة ايضا لمرسوم الصحافة عدد 115 لسنة 2011 ويتعارض مع المواثيق والقوانين الدولية ذات العلاقة.
 وكانت المحكمة الابتدائية العسكرية قد أصدرت حكما بسجن الصحفي محمد الحاج منصور لـ9 اشهر نافذة.
وتضمنت رسالة المنظمة الدولية توجيه 7 مطالب عاجلة الى حكومة يوسف الشاهد من بينها :
1 - التوقف عن ملاحقة الصحفيين على معنى فصول مجلة المرافعات والعقوبات العسكرية ومجلة الإجراءات الجزائية، أو أي قانون آخر عدا المرسوم عدد 115 الصادر سنة 2011 ، المتعلق بحرية الصحافة والطباعة والنشر.
2 - نقل محاكمة محمد الحاج منصور (مدير جريدة الثورة نيوز) في اقرب الآجال من القضاء العسكري الى القضاء العدلي.
3 - التوقف عن اللجوء إلى المناشير والمذكرات التي تعيق عمل وسائل الاعلام،
4 - احترام حق الصحفيين في الوصول إلى المعلومة والعمل على تسهيل عملهم والتعجيل بارساء «هيئة النفاذ إلى المعلومة» .
5 - السماح للمراسلين المعتمدين في تونس لدى وسائل الاعلام الاجنبية، بالقيام بعملهم بكامل الحرية.
6 - جعل الاستراتيجية والمهلة التي حددتها وزارة الشؤون الخارجية علنية لتسليط الضوء على قضية اختفاء الصحفيين سفيان الشورابي ونذير القطاري.
7 - إحداث لجنة تحقيق مشتركة بين الوزارات المعنية والمنظمات غير الحكومية، للتحقيق في ظروف انتفاء الصحفيين سفيان الشورابي ونذير القطاري في ليبيا منذ أشهر طويلة.
والغريب ان وسائل الإعلام التونسية تعاملت مع التقرير الفاضح بتكتم وانتقائية حيث غيبت تماما الاشارة الى تلك التجاوزات الخطيرة وحذفت اسم مدير الثورة نيوز عند التعرض الى التقرير... بما يؤكد تدهور وتراجع منسوب الحريات والحق في التعبير تحت ضغوط لوبيات سياسية مالية تمسك بالسلطة.
وحيث غابت منظمات حقوقية تونسية عن ممارسة دورها الرقابي في الدفاع عن الحريات خاصة منها الرابطة التونسية للدفاع عن حقوق الانسان ونقابة الصحفيين... وهو مؤشر خطير يؤكد تدخل السلطة السياسية في تحديد مواقف تلك المنظمات.
وقد اكد فريق الدفاع عن محمد الحاج منصور انه يستعد لنشر قضية دولية ضد الحكومة التونسية وضد كل المسؤولين السياسيين والقضاة الذين شاركوا في خرق الدستور وفي محاكمة منوبهم بما في ذلك نشر قضايا في المحاكم التونسية من اجل تتبع كل من سيكشف عنه البحث من اجل احتجاز شخص دون موجب قانوني.   

محمد الحاج منصور





Monsieur Youssef Chahed
Premier ministre de la République tunisienne
Place du Gouvernement - La Kasbah
1020 - Tunis
Tunis, le 17 mars 2017


Monsieur le Premier Ministre,

Reporters sans frontières (RSF) vous exprime son inquiétude face à la dégradation, ces derniers mois, de la liberté de la presse dans le pays.

Bien que la circulaire n°4 du 16 janvier 2017, relative à l’organisation des organes d’information et de communication relevant des ministères, des institutions et des établissements, ait été supprimée le 27 février dernier, des journalistes continuent à nous faire part de leurs difficultés à obtenir des informations auprès des administrations et ministères dépendants de vos services. En mars, Mohamed Yousfi, rédacteur en chef du média en ligne Hakaek online, s’est vu refuser par le ministère de l’Enseignement supérieur la réponse à ses questions et ses demandes d’interviews. Une note interne a également été diffusée dans le ministère blacklistant trois médias.

La pratique n’est pas nouvelle. En mai 2015, l’interdiction a été faite à des journalistes d’accéder à des établissements scolaires, à la suite d’une circulaire du ministère de l’éducation. Fin janvier, une crise importante a suivi et grandement affecté le travail des journalistes suite à la mise en application de la circulaire du 16 janvier 2016. L’envoi de telles circulaires lance un signal négatif quant à la volonté politique de créer un environnement favorable au droit d’informer et d’être informé, protégé par la Constitution et encadré par une loi votée en mars 2015.

Notre organisation souhaite également vous faire part de son extrême préoccupation suite aux poursuites engagées par le procureur auprès du tribunal militaire, sur la base du code de justice militaire, contre les journalistes Jamel Arfaoui (Tunisie Telegraph), Rached Khiari (Al Sadaa) et Mohamed Haj Mansour (Al Thawra News). Le 15 décembre, Hadj Mansour a été condamné à une peine de prison de neuf mois ferme qu’il purge actuellement. La poursuite et la condamnation de journalistes par un tribunal militaire constituent une violation du droit international, en vertu duquel ce type de juridiction ne devrait pas avoir compétence s’agissant de civils. Ces derniers devraient être jugés conformément aux standards internationaux du procès équitable garantis par l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et consacré par la Constitution tunisienne dans ses articles 31, 32 et 49.

Le Comité des droits de l’Homme des Nations unies, dans son Observation générale n°34 de juillet 2011, accorde une importance particulière à l’expression sans entraves sur les personnalités publiques du domaine politique et des institutions publiques, y compris la critique à l’égard des institutions telles que l’armée ou l’administration.

Enfin, seul le décret-loi n°115-2011 relatif à la liberté de la presse, de l’imprimerie et de l’édition devrait être appliqué concernant les éventuelles infractions commises par voie de presse et non d’autres textes de loi. En juillet 2014, notre organisation publiait une étude détaillant les raisons pour lesquelles elle considérait que le décret-loi n°115-2011 était le seul garant d’un standard minimum de la protection de la liberté de la presse et de ses acteurs. Ce constat est encore valable aujourd’hui.

La situation des correspondants permanents de médias étrangers est également sujet d’inquiétude. Selon nos sources, les forces de l’ordre demandent depuis la mi-décembre aux correspondants de fournir des autorisations spéciales lors de leurs déplacements. Celle-ci n’a jamais été exigée auparavant sauf dans des zones particulièrement sensibles. Ce type de demande constitue une entrave à l’exercice du journalisme, d’autant plus pour les correspondants accrédités par vos services.

Nous souhaitons enfin rappeler au gouvernement tunisien l’urgence de faire toute la lumière sur la disparition des journalistes Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari. En janvier dernier, la chaîne libyenne Al Hadath a relayé le témoignage d’un ancien djihadiste libyen affirmant que les deux journalistes tunisiens étaient morts. Ces informations concordent avec celles obtenues par notre organisation. A la suite de ces déclarations, votre gouvernement a déclaré que des procédures légales et diplomatiques seraient engagées, sans plus de précisions.



Ainsi, RSF demande au gouvernement tunisien de :
1. Cesser de poursuivre les journalistes sur la base du code de justice militaire, du code pénal ou de toute autre loi autre que le décret-loi n°115-2011 relatif à la liberté de la presse dans les cas d'infractions commises par voie de presse ;

2. Transférer dans les plus brefs délais Mohamed Hadj Mansour devant une juridiction civile ;

3. Cesser de recourir à des circulaires et notes blacklistant des médias et restreignant le droit d’informer ;

4. Respecter le droit d’accès à l’information des journalistes et faciliter leur travail et dans ce cadre mettre en place dans les plus brefs délais l’Instance d’accès à l’information ;

5. Permettre aux correspondants de médias étrangers accrédités d’effectuer leur travail librement ;

6. Rendre public la stratégie et les délais fixés par le ministère des Affaires étrangères pour faire la lumière sur l’affaire de la disparition de Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari ;

7. Créer de manière urgente une commission d’enquête mixte sur la disparition des deux journalistes tunisiens en Libye, composée de membres du gouvernement et d’ONG.

Je vous remercie par avance pour l’attention que vous porterez à nos demandes et vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.



Christophe Deloire
Secrétaire général
* Mohamed Hadj Mansour a été libéré le 3 mars 2017.

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