lundi 9 novembre 2015

Crimes contre le patrimoine




Marquée par le relais des différentes civilisations depuis Carthage jusqu’à Tunis, la Tunisie a hérité d’un patrimoine culturel riche et diversifié qui incarne l’effort de développement des générations précédentes. En effet, le pays regorge de sites archéologiques, et de monuments historiques classés sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, qu’il convient de valoriser et de protéger.


Les opportunistes de l’après Zaba

 Négligé et délaissé par l’ancien régime, le patrimoine n’a pas connu un meilleur sort après la révolution.
Sous le régime corrompu de Ben Ali, les sites ont été pillés et violés. Des pièces rares ont disparu,  des terrains du domaine public de l’Etat ont été déclassés vers le domaine privé de l’Etat, pour la réalisation de juteuses opérations immobilières au profit des occupants de Carthage et de leurs proches.
Et contrairement à ce qu’on pourrait le croire, la révolution de 2011 n’a pas arrangé les choses, car, à Zaba et ses gendres se substituent des opportunistes assoiffés, qui vont profiter  du climat d’instabilité,  pour s’emparer de notre patrimoine.
Impliqué dans des affaires douteuses liées au patrimoine, Kamel Lazaar, patron de la banque d’affaires « Swicorp », ami de l’ancien chef de gouvernement Mehdi Jomâa et très cher à Amel Karboul, est devenu tristement célèbre en se cherchant une place dans la jetset tunisienne.


 Lazaar, Karboul et Jomâa : un trio fatidique

Avec une fortune estimée à 400 millions de francs suisse (selon le magazine suisse  « Bilan » du 28 novembre 2014), le richissime Tuniso-Suisse Kamel Lazaar, reste inconnu des Tunisiens. C’est alors qu’il décida, après la révolution, de « s’acheter » une réputation.
Devenu ami avec l’ancien chef de gouvernement Mehdi Jomâa, et notamment de par sa proximité avec Amel Karboul, notre ami Lazaar va bénéficier d’un traitement de privilège.
 Sortant du Ministère de l’Industrie, Mehdi Jomâa est nommé à la tête du gouvernement provisoire en février 2014.. Accusé de laxisme dans les affaires de corruption liées aux secteurs pétrolier et minier, sa nomination suscita le mécontentement de l’opposition. En mai, son Ministre de la culture, Mourad Sakli, décida de privatiser le patrimoine, tandis que la Ministre du tourisme Amel Karboul mit son administration au service du fonds d’investissement Siyaha Capital, créé par Kamel Lazaar pour acheter des hôtels endettés, et les revendre aux cheikhs du Golfe, une société refusée in extrémis par l’ANC.    


L’appel d’offre fantôme de « Borj Boukhris »

« Borj Boukhris » à Carthage est un site composé d’une résidence ancienne qui date de la deuxième moitié du XIXe siècle, et d’un domaine agricole de 11,5 hectares, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Suite à la décision du Ministre de la culture en mai 2014 de faire exploiter le patrimoine par des privés, un sit-in a été observé par les agents et cadres de l’agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle pour manifester leur mécontentement. Sur la toile, des « touche pas à mon patrimoine » ont enflammé les réseaux sociaux.
En décembre 2014, le ministère de la culture lance un appel d’offre « fantôme », pour la cession du  site « Borj Boukhris ». Publié dans un seul quotidien, cet appel d’offre n’a duré qu’une journée, car dans les coulisses, l’affaire était déjà accordée à la Fondation Kamel Lazaar qui envisage d’y créer un musée d’art contemporain pour exposer sa collection de 1000 œuvres dit-il pathétiquement ! Mais le défi de Kamel Lazaar est plutôt de pérenniser son nom  et multiplier ses gains !


 «  Dar Jait » et l’histoire de « Lira Hospitality »

Il s’agit d’une maison ancienne située à la rue Sidi Ben Arous au cœur de la   Medina de Tunis que l’homme d’affaires douteux Kamel Lazaar a achetée pour construire un hôtel à travers son agence immobilière  « Lira Hospitality », qui n’a aucun lien avec « la Fondation Kamel Lazaar » à caractère culturel, comme veulent nous faire croire certains médias. 
Pendant les travaux, les  habitants du quartier et les associations protectrices de la Médina ont dénoncé des dégâts sur l’école hafside, l’obstruction d’une fenêtre de la mosquée Tarraz, ainsi qu’un dépassement en hauteur de 12 mètres interdit par le cahier de charges de la Médina. Plus grave encore, deux niveaux de sous-sol ont été creusés et ont déstabilisé les fondations des bâtis voisins, dont la mosquée Tarraz, où des fissures sont visibles sur les murs porteurs.


 Kamel Lazaar

Le geste de reconnaissance  

Avec la complicité de Mehdi Jomâa, Amel Karboul a soutenu son bien-aimé Kamel Lazaar dans ses crimes contre le patrimoine jusqu’à la fin. Sortante, elle n’a pas hésité à offrir ses services à la nouvelle Ministre, pour continuer à mettre la main sur le Ministère, au profit de Kamel Lazaar, qui est devenu l’icône de la corruption en Tunisie. Cette même Ministre qui a déclaré aux médias que « les attentats du Bardo et de Sousse sont une CHANCE de restructurer le tourisme tunisien et à quelque chose malheur est bon » !

En signe de reconnaissance, l’homme d’affaires Tuniso-Suisse lui a offert des vacances de rêve dans la région d’Olbia en sardaigne au mois d’août dernier, à bord d’un luxueux yacht, une information qui a été relayée par tous les médias. Et pour la réintroduire dans le monde des affaires, qui lui était inconnu avant son poste de 9 mois au ministère, il lui a consacré le poste de Secrétaire Générale  dans son think-tank Maghreb Economic Forum, joignant ainsi l’utile à l’agréable. 


 Amel Karboul


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